Extrait: Le contrôle
L’exorcisme ne s’appliquant qu’aux maudits reconnus, il faut les repérer avant qu’ils n’agissent, voir avant qu’ils ne le deviennent. Pouvant se découvrir dans n’importe quel lieu à n’importe quel moment, les masses demandent à être protégées de ces abominés par tous les moyens. Les élites implorées par les peuples peuvent mettre en place des systèmes de surveillance sans faille pour le bonheur de tous. Ralo exultait de tant d’attention, elle, ce non-être, ce concept issu de la seule pensée des humains, devenait à leurs yeux une réalité à combattre. Dénonciations, détecteurs, traceurs, implants, tout était bon pour surveiller les masses exigeant toujours plus de protection, de tranquillité dans leurs convictions. Les surveillants étaient eux-mêmes surveillés et tous ces édifices étaient régulièrement vérifiés par des contrôleurs examinant la moindre déviation aux systèmes en place. Les prédécesseurs d’Asabi avaient mis en place des techniques éprouvées pour contrôler tout, à tout instant, et asseoir encore plus leurs pouvoirs. Les masses devaient bien sûr être contrôlées, et chaque degré devait l’être aussi. Les élites, plus encore, car elles pouvaient entraîner avec elles une multitude si elles penchaient vers l’ombre. Seul échappait aux contrôles le centre de la sphère du pouvoir, Asabi, le reste des composants était soumis à une surveillance sans faille. Asabi avait perfectionné les systèmes en ajoutant des contre-mesures à tous les systèmes de contrôle. Un contrôleur pouvait remonter trois fois trois niveaux pour surveiller les dérives des gens en place et lui-même était contrôlé par un contrôleur de niveau inférieur attendant une faute pour prendre sa place. Asabi n’étant contrôlé par personne, c’était ses propres démons qui s’en chargeaient. Superstitions, démons, diables, mauvais génies, hasards malheureux, opposants, idées diaboliques, le tyran était tyrannisé par lui-même et Ralo pouvait jubiler.