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Le cosmos musicien- essai
7 mars 2013

Extrait: Le bouc émissaire

Quand une religion, une philosophie voient le jour, il faut un bouc émissaire pour affirmer sa pertinence.

     Massacrer les impies, les non-croyants ne représente pas une faute en soi puisqu’ils n’honorent pas le bon dogme. Bien tourné, il est méritant que de le faire et cela peut apporter des vertus ouvrant la porte à des délices à venir. Plus prosaïques, les philosophies ou politiques ne comptent pas sur un avenir meilleur dans un au-delà, mais dans un futur plus ou moins proche ou sur l’immédiateté de leurs doctrines. Ils combattent tous les systèmes différents du leur. Les utopistes de tous bords, guerroient, sans état d’âme, les dogmes contraires aux leurs sans s’occuper des victimes et dégâts qu’ils provoquent puisque c’est pour la bonne cause. Massacrer les générations actuelles pour le bonheur des générations futures devient une cause juste, un devoir.

     Les individualistes combattant énergiquement les collectivistes ou inversement, tout est permis ! Ils s’associent ponctuellement quand une nouvelle pensée vient perturber leurs certitudes. Ils acceptent d’avoir à leur tête, un tyran savamment élu ou autoproclamé porteur de leurs doctrines. Ils combattent les thèses contraires aux leurs en les diabolisant. Que ce soit une pseudo-démocratie, une dictature, l’hégémonie d’un système se mesure aux dégâts causés aux satanisés. Pour les individualistes, les pauvres, les sans-grade n’ayant pas la volonté de parvenir par manque de détermination et de travail. Pour les collectivistes, les possédants, même si ce bien n’est que le fruit de leur labeur. Dans une tyrannie, tout repose sur l’acceptation qu’il faut combattre celui qui veut être différent, voir qui se contente de penser autrement. L’autocrate désigne les déviations et punit généreusement les asociaux à grand renfort de célébrations publiques et rituelles. Le mal, le déviant, le diabolisé, doit être nommé et punit. Il fait l’objet d’une attention si particulière que les systèmes mis en place le sont, non pas, pour assurer le bonheur des populations, mais pour surveiller et combattre les insoumis ou ceux qui pourraient l’être.

     En démocratie, la diabolisation est plus subtile, plus insidieuse, mais tout aussi efficace. On propose un système en réaction à un autre. Le choix n’est pas de voter pour, que de voter contre. Les indécis ou les réfractaires aux choix proposés ne sont pas comptabilisés, même s’ils sont majoritaires, un quorum déclaré l’emporte sur le reste. Et pour ceux qui n’ont pas voulu se prononcer ou ceux qui n’ont pas fait le bon choix, ils devront subir le credo dégagé par la majorité proclamée. Pas de compromis, le peuple a parlé et ses représentants sont là pour faire appliquer sans retenue les programmes composés par les élites. Les opposants peuvent être diabolisés à loisir, sans état d’âme, voire persécutés s’ils ne se soumettent pas. La croyance, l’ethnie, l’âge, les mœurs, la position sociale, l’activité, le mode de vie, tout peut être présenté comme diabolique, déviant, perverti. Ces réfractaires peuvent être mis au pilori des bonnes intentions, ils doivent être meurtris et éliminés puisqu’ils ne veulent pas accepter les justes lois des majorités déclarées. Le mal devient l’autre, celui qui dans l’ombre, combat la lumière.

 

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